Par Jacques Gantié

En ouverture : Hubert de Boüard et Thomas Delagarde dans les vignes de Berne

HARMONIE. Sur les terres du rosé, l’un des grands domaines des Côtes de Provence vient d’ouvrir une page nouvelle dans l’approche et la culture des rouges. Au Château de Berne, Mark Dixon, propriétaire, Didier Fritz, directeur général, et Thomas Delagarde, responsable du vignoble, ont en effet choisi comme conseil Hubert de Boüard, grand vigneron de Bordeaux, personnalité du monde du vin et copropriétaire d’Angélus, premier grand cru classé A de Saint-Émilion et incomparable marque à l’international. Un consultant précieux et influent qui apporte désormais à Berne son expérience et un surcroît d’image et signe de belles cuvées en série limitée.

De Saint-Emilion à la Provence
Parmi les grands noms de l’œnologie qui prodiguent leurs conseils à des domaines viticoles en France et dans le monde, Hubert de Boüard est incontestablement à part. Bien sûr copropriétaire d’Angélus, domaine familial d’exception qu’il dirige depuis 1980 à Saint-Emilion, incontournable dans la viticulture bordelaise, notamment comme président du comité régional de l’INAO et de l’appellation Saint-Émilion grand cru, mais aussi conseil de 58 propriétés, en Bordeaux (Saint-Émilion, Pauillac, Médoc, Graves…), en Espagne (Ostatu Rioja), Afrique du Sud (Klein Constantia, Anwilka à Stellenbosch), Thaïlande (Granmonte) ou au Liban (IXsir, domaine de Carlos Ghosn, le patron de Renault-Nissan). Grand voyageur de la planète-vins - il a même ouvert une jurade de Saint-Émilion à Pékin - Hubert de Boüard apporte aujourd’hui son savoir et sa vision du vin en Provence. Son incursion en appellera peut-être d’autres mais à Berne il ouvre une page passionnante. Alors qu’à Saint-Émilion le carillon aux dix-huit cloches sonne l’heure d’un grand vin du monde et d’une propriété rénovée à l’architecture élégante, à Lorgues, l’homme d’Angelus esquisse depuis trois millésimes et pour l’instant en série limitée (3 000 bouteilles) ce qui pourrait être l’un des plus beaux Côtes de Provence dans l’équilibre syrah-cabernet-sauvignon.


Nouveau design, pour les cuvées rouge signées Hubert de Boüard

“Dans les vignes !”
Adieu aux tanins puissants, un boisé désormais plus fondu, une belle concentration, de l’épicé mais du fruit, une finesse, des arômes subtils... Un “toucher” inédit caractérisent ces cuvées. “Je suis un technicien qui aime arpenter une vigne, la sentir, être à l’écoute du lieu, du terroir. L’important est l’harmonie, le charme, la structure et l’expression d’un vin”, dit Hubert de Boüard, qui a toute confiance en Nicolas Turounet, le jeune œnologue et winemaker du Château de Berne, dont le vignoble est conduit par Thomas Delagarde (1). Les vins signés HDB - déjà présentés en primeurs à Bordeaux - bouteilles aux étiquettes noires et au sobre design, rejoignent ainsi d’autres grands domaines de Provence qui explorent de plus en plus le potentiel des blancs et des rouges.


Hubert de Boüard déguste les rosés de Berne à bord d’”Elena”, la goélette de Mark Dixon

Ce passionné de voile aura enfin apprécié de déguster les fins rosés de Berne, cuvées délicates grenache-cinsault servies entre Saint-Tropez et Antibes à bord d’Élena, la goélette de Mark Dixon (55 m et 1.000 m2 de voiles), superbe réplique inspirée d'un plan de 1911, considéré alors comme le plus rapide de son époque. Terre-mer, défis et découvertes, compétition, élégance, vins de plaisir, cuvées d’avenir… tout ce qu’affectionne Hubert de Boüard, infatigable homme du vin.

(1) Au delà des 140 ha de vignes du Château de Berne, Mark Dixon vient d’acquérir deux domaines prometteurs en centre Var : Château des Bertrands (84 ha) et Château de Roux (35 ha) au Cannet-des-Maures.

(photos Jacques Gantié)

Publié le 7 juillet 2014