En ouverture : Richard Auther, domaine « La Courtade » à Porquerolles (photo M.-C. G.)

VIGNERON. Ils ont replongé, l’espace d’une soirée, dans leurs racines, à "La Maison de l’Alsace" à Paris, autour d’un buffet concocté par l’un des leurs et non le moindre, Hubert Maetz, chef 2 étoiles de l’Hostellerie de Rosenmeer à Rosheim. Savoureux foie gras au gewürztraminer, salade de choucroute graine de moutarde, choucroute de brochet du Rhin, saumon mi-cuit à l’ail des ours, anguille fumée, salade de pomme de terre « recette de maman », qui tenait autrefois une winstub, et toute une collection de plantes et herbes sauvages à l’aigre-douce que vous pourrez acheter dès le mois de mai sur http://www.le-rosenmeer.com/ , de quoi réveiller agréablement une viande ou un poisson et étonner les papilles !
Parmi eux, nous avons rencontré Richard Auther du Domaine de la Courtade, installé sur notre belle île de Porquerolles.  C’est dans les années 80 qu’Henri Vidal, amoureux de Porquerolles depuis sa tendre enfance, achète la plaine de la Courtade. Pour pouvoir s’y établir, il a l’obligation de la défricher et de la protéger du feu. C’est ce qu’il fait et puisqu’il y est, il crée de toutes pièces une oliveraie et un domaine viticole et choisit un alsacien de 25 ans, Richard Auther. Pourquoi lui ? Tout d’abord, c’est le fils d’un vigneron de Blienschwiller, de plus, il est tout jeune diplôme ingénieur agricole, et œnologue, a travaillé dans le Bordelais, puis en Provence, et il veut travailler avec de vieux ceps et cépages nobles qui ont la « fibre provençale » !
Ainsi, s’est créé en 1983, sur l’île, un nouveau domaine « La Courtade », 25 hectares cultivés en bio. Une heureuse rencontre d’un industriel, amoureux de l’île et d’un œnologue alsacien pour des vins qui aujourd’hui se vendent dans le monde entier. Ici, la terre, avec un sol aux particularités rares, un schiste friable qui emmagasine l’eau et laisse passer les racines qui s’enfoncent pour en puiser les bienfaits, le soleil, 3 000 heures d’ensoleillement par an, et la mer avec son humidité atmosphérique qui joue un merveilleux rôle de régulateur thermique, entrent en symbiose en une mystérieuse alchimie.

Pour l’heure nous avons découvert 4 vins :
• La Courtade blanc 2006, âge moyen des vignes 16 ans, cépage 100 % rolle, fragile et capricieux, mais superbe et qui libère des notes exotiques d’agrumes et d’amande amère, c’est un vin de garde qui peut vieillir jusqu’à 10 à 15 ans, selon les millésimes. Une robe jaune pâle aux reflets verts, un nez vif presque mentholé, des parfums de fleurs blanches, en bouche, une attaque onctueuse, une belle rondeur, et une légère acidité, qui nous font l’apprécier sur le foie gras, mais des saveurs légèrement citronnées nous font rêver de langouste de Porquerolles.
• La Courtade rouge 2004, âge moyen des vignes 16 ans, cépage dominant à 97 % mourvèdre, aime l’eau et la chaleur et développe des notes de résine, de pin et de garrigue, provenant de 3 parcelles différentes, associé à 3 % de syrah pour la pointe de sel. Élevage 12 mois en barriques, peut vieillir 15 à 20 ans, selon les millésimes. Une robe grenat intense, un nez complexe aux arômes de chocolat de cerises très mûres, épicé avec des senteurs d’eucalyptus, une bouche complexe, ronde, généreuse et charpentée qui confirme la promesse olfactive. Un vin puissant qui épousera à merveille viandes rouges cuisinées ou gibier.
• L’Alycastre blanc 2009, âge moyen des vignes 15 ans, cépage 100 % rolle, un vin destiné à une consommation rapide, une robe jaune pâle très brillante, un nez vif et agréable aux notes de fruits exotiques fleurs blanches et pamplemousse rose, élégant, facile à boire, il accompagne à merveille poissons et fruits de mer ou l’apéritif.
• L’Alycastre rosé 2009, âge moyen des vignes 15 ans, assemblage 1/3 mourvèdre, 1/3 grenache, qui apporte rondeur et bouquet, 1/3 tibouren, qui donne élégance et fruité. Un vin de consommation rapide à la robe saumonée, très brillante, au nez vif et intense avec des notes de fruits (fraises, pêches, melon) et fleurs, une bouche de fruits charnus avec une pointe de pain grillé et une belle persistance qui aime le mariage tout au long des repas ensoleillés composés de salades de légumes et poissons grillés.
Des trésors à consommer avec modération mais tellement de plaisir ou, les beaux jours retrouvés, à aller découvrir sur place, dans cette bâtisse couleur de soleil, nichée au cœur des espaces protégés du parc national de l’île de Porquerolles où se glisse l’âme de l’île et du  vin. M.-C. G.