
Un remarquable dîner, orchestré par Joël Garault à l'hôtel Hermitage à Monte-Carlo autour d'une verticale de Ruinart et Dom Ruinart, a été organisé à l'occasion de la célébration des 250 ans du premier champagne Ruinart rosé. Fascinant !
En ouverture : Frédéric Panaïotis, chef de caves Ruinart et Joël Garault, chef de l'hôtel Hermitage

Christophe Charrier, directeur France de la maison Ruinart
DÉGUSTATION. Cela peut paraître surprenant, mais la première maison de champagne, fondée le 1er septembre 1729 par Nicolas Ruinart, expédia du champagne rosé dès 1764 en Allemagne, le 14 mars pour être précis, 60 bouteilles œil de perdrix au baron de Welzel, qui les commanda pour S.A.S. le duc de Mecklembourg-Strelitz.
Cette date historique qui lie à jamais la maison Ruinart à l'histoire du champagne, méritait bien l'organisation d'une soirée à la hauteur de cet événement, à laquelle furent conviés de nombreux directeurs et personnalités de la S.B.M., des sommeliers de l'association monégasque et de la région et la presse gastronomique et bachique.

Pour Dominique Milardi, chef sommelier Le Méridien beach plaza, Monaco : «
Les vins de la maison Ruinart sont de très grands vins, il fallait un grand chef pour réaliser un beau mariage. Tout était de très haut niveau, préparé et réussi. L'accueil, le lieu, le service, les vins, les menus calligraphiés, sans oublier les mets préparés avec intelligence, amour et une très grande justesse.
Tout le monde connaît la valeur, la générosité et la gentillesse de Joël Garault. Ce grand chef est à l'apogée de sa carrière, et n'a plus rien à prouver à personne. Il s'est transcendé pour nous faire plaisir, rien de plus, j'ai senti que nous vivions un moment rare. Je l'ai toujours respecté professionnellement et j'ai toujours adoré son savoir faire, Il nous a donné son cœur, cela s'est senti, c'était une cuisine sensible, touchante.
Nous étions au sommet d'une colline, en équilibre, d'un côté la douce effervescence des vins de la prestigieuse maison Ruinart qui caressaient le palais, de l'autre nos papilles mises en émoi par les mets, chaque ingrédient savamment choisi et dosé venant apporter sa touche d'émotion. L'harmonie gustative parfaite. Les fabuleux vins de la Maison Ruinart ne pouvaient être davantage mis en valeur.
L'excellence, l'exclusivité, l'absence de compromis pour ce qui concerne la qualité, voilà ce que je retiendrais. J'ai particulièrement été séduit par un accord entre le mignon de veau au pamplemousse rose et patate douce rosée au gingembre, avec le Dom Ruinart rosé 1990. Deux millésimes nous étaient proposés sur ce plat, 1990 et 1988. J'ai été conquis par le millésime 1990 avec sa robe orange pâle, lumineuse, brillante, une touche d'évolution. Un nez subtil et délicat, des notes de roses séchées, fruits secs, léger, grillé, tabac blond, chaque seconde laissant apparaître sa grande complexité d'arômes. Pointe épicée, fragrances d'oranges confites et d'exotisme à l’aération. La bouche présente beaucoup de vivacité et d’intensité, une grande profondeur et un profil très long et élancé. Une vigueur racée se combine avec une épure apportée par le vieillissement. Une très belle et longue finale laisse une bouche fraîche. Grande personnalité, un vin de grand caractère, élégant et subtil. Les ingrédients choisis pour ce plat, par Joël Garault, étaient d'une très grande justesse, chacun laissant la part belle à l'autre, car un mariage réussi c'est avant tout partager et mettre en valeur l'autre... ».
Quant à Pascal Paulze, chef sommelier de L'oasis à Mandelieu La Napoule, son avis diffère quelque peu avec celui de Dominique Milardi sur le Dom Ruinart rosé 1990 : «
Le rosé Ruinart est un vin facile d'accès, flatteur, aux arômes de fruits rouges frais avec des notes entre exotisme et floral, une bulle délicate, qui souligne bien ce vin assez ample.
Le Dom Ruinart blanc 2004, un vin de grande pureté, au nez raffiné qui exprime la nature des terroirs, avec des notes brioche fraîche, noisette et une bouche encore jeune et un peu fougueuse, mais quelle belle définition de la minéralité, est un vin en devenir d'ici 3 à 4 ans.
Le Dom Ruinart rosé 1996, est typé Dom Ruinart, avec cette noble évolution aux accents de fourrure, de cuir, champignon. La bouche intense offre beaucoup de caractère, la bulle est très fine, un ensemble qui a donné un superbe accord mets et vin, avec le risotto moelleux à la truffe d'hiver, bille glacée au rave de betterave.
Le rosé 2002 est l’expression d'une jeunesse aérienne, complexe, aux notes de fruits rouges, de quelques épices douces, un touché onctueux. Un équilibre parfait en fait un vin de grande convivialité qui, je pense, dévoilera son caractère Dom Ruinart dans quelques temps.
Le rosé 90, restons discret, ce vin était en bout de course, une légère oxydation... dommage, à revoir en magnum.
Le 1988, plus racé, montrait le potentiel de ses grands vins, 26 ans et encore de l'énergie, du répondant qui faisait un bel accord avec le mignon de veau et ce lien avec le pamplemousse rose, étonnamment bon... un vin évolué avec plein de noblesse ».

Cristalline de fraises, litchi et parfum de rose, sorbet champagne rosé, servi avec le Ruinart rosé
(photos X)
Publié le 27 octobre 2014