21e année - N°880- 25 mars 2024

Balicco

Gérald Passédat, Rudy Ricciotti. Un radicaliste de la cuisine, un architecte enragé


On dit Gérald Passédat extravagant dans ses créations culinaires, et de Rudy Ricciotti  qu’il est un enragé. Quid de ces deux hommes qui portent haut les couleurs de Marseille, capitale européenne de la culture pour 2013 ?


Gérald Passédat, talentueux chef étoilé (3 étoiles Michelin), Rudy Ricciotti, architecte consacré, ont en commun l’amour de Marseille. L’un réservé, l’autre volubile et tous deux metteurs en scène de leurs talents. Gérald Passédat va orchestrer les restaurants du MuCEM (musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée). C'est à l’intérieur de cet ouvrage d’art flottant sur les eaux, que les deux hommes unissent leur talent et leur passion. Rudy Ricciotti en est l’architecte, Gérald Passédat va y apporter couleurs, senteurs et saveurs.

Passédat et Ricciotti en 3 questions.

email-gourmand : Quel est votre point commun ?

D’une seule voix  la réponse fuse : les femmes !
R.R : Les hommes ont tout perdu, les femmes sont fortes. J’aimerai voir une femme maire de Marseille.
G.P. : Les femmes sont à l’origine de tout.

email-gourmand :  Le MuCEM, ce « grand œuvre », croisement culturel, comment l’avez-vous pensé et comment allez-vous le faire vivre ?
R.R. : Le soleil, la mer, le mistral, j’en aime la proximité extrême. Je m’aliène au principe du réel.  C’est pour  protéger la façade du musée des rayons du soleil que je suis allé photographier les fonds marins, les roches, leurs creux et leurs bosses. La dentelle de béton qui l’habille en est l’expression, la reproduction. La nature est complexe mais elle offre tout, là, à portée de main. Il ne faut pas y porter un regard profane, au risque de réduire et étriquer son champ de vision.
G.P. : La Méditerranée, depuis mon enfance, j’y plonge et m’y nourris. Je tente de rester sur le fil du rasoir dans une cuisine rectiligne, structurée, simple et sophistiquée comme peut l’être la nature. Entre la mer, les rochers, et l’aridité de l’arrière pays, les sources d’inspirations sont inépuisables. Inutile d’aller se fondre dans la globalisation mondialiste. Je suis très attaché à l’expression d’une cuisine nette et franche. Regarder autour de soi. Jouer les gammes, conjuguer harmonieusement les potentiels, orchestrer les produits et les saveurs du bassin méditerranéen, un parti pris volontaire pour une cuisine pure, complexe.

email-gourmand :  Comment voyez-vous les prochaines décennies, dans l’architecture et dans la cuisine ?
R.R. : Il faut refuser de partir dans le voyage global, arrêter l’hybridation qui n’est qu’un business plan esthétique et économique. Arrêter la dématérialisation de la fonction sociale. Se recentrer et se concentrer vers la territorialité, ne pas s’égarer. Il faudra repositionner et retrouver le territoire. Revenir à la vérité. Nous ne pourrons plus vivre dans un monde virtuel telle que la culture « hors sol » nous y conduit. Les travaux de table deviennent une hybridation ! Nous devrons avoir une aptitude affinée de la synthèse, une faculté d’écoute, une meilleure connaissance des autres, de leurs métiers, revenir à la  protection sociale, refuser le kitsch et l’ubiquité qui débouchent sur le vulgaire et le névrotique.
G.P. : Dans les décennies à venir la voilure sera réduite. Moins de personnel, moins de produit, moins de clients. Il faudra offrir de meilleurs salaires. J’imagine une équipe de 4 cuisiniers, 2 serveurs pour 20 clients. Avec un éventail ouvert vers d’autres structures plus accessibles. Une cuisine encore plus radicale, minimaliste, rectiligne toujours et dont  simplicité en sera l’extrême sophistication.

Deux questions à ces hommes de l’art avant de les quitter :

Rudy Ricciotti, si le MuCEM était un plat ?
‘’Sans hésiter  des « pasta al nera »’’
Et le Louvre ?
‘’Tout ce que pourrait aimer « le Persan à Paris » de Montesquieu’’.

Gérald Passédat, si le loup de Lucie était une œuvre architecturale ?
« Le Pavillon noir » à Aix-en-Provence.
Et votre bouille abaisse ?
 ‘’Le MuCEM’’



Gérald Passédat :

7 juin, ouverture des trois établissements du MuCEM. « La table », La cuisine », « Le café ».
4 septembre, aux éditions Flammarion, sortie d’un ouvrage de 400 pages. Myriam, la poétesse, demande s’il s’agit d’une seule recette de 400 pages ! Top Secret.



Rudy Ricciotti :

Vient de sortir aux éditions Textuel « L’architecture est un sport de combat ».
Exposition à la cité de l’architecture et du patrimoine jusqu’au 8 septembre.
Juin, inauguration et ouverture officielles du MuCEM  dont il est l’architecte, dans le cadre de Marseille capitale européenne de la culture 2013.

Agence Rudy Ricciotti
17, boulevard Victor Hugo 83150 Bandol
Tél. (0)4 94 29 52 61


• Gérald Passédat, Le Petit Nice
Anse de Maldormé
Corniche J.-F. Kennedy 13007 Marseille
Tél. (0)4 91 59 25 92

(photos agence Rudy Ricciotti et Richard Haughton)

Publié le 10 juin 2013


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